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Annale bac : « La Fortune Des Rougon » d’ةmile Zola

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Message par The ROoT Sam 1 Déc - 11:07


Annale bac : « La Fortune Des Rougon » d’ةmile Zola

Introduction



Considéré comme le chef de file du courant naturaliste, Emile Zola est un écrivain du 19ème siècle dont l’oeuvre principale, « Les Rougon-Macquart », retrace en vingt tomes l’histoire d'une famille sous le Second Empire. Publié en 1874, « La fortune des Rougon » est le premier volume de cette fresque familiale. Dans ce roman, Zola retrace les jours qui ont suivis le coup d’état du 2 décembre 1851 à travers l’évolution de la famille des Rougon dont les membres tentent de profiter de la situation pour prendre le pouvoir politique dans la ville de Plassans. L’extrait que nous allons étudier se situe au premier chapitre du roman et présente la description d’une foule de républicains provinciaux qui, suite au coup d’état organisé par Napoléon, se révoltent et descendent vers la ville de Plassans.



Nous nous pencherons dans un premier temps sur la dimension épique de cet extrait où la révolte du cortège soulève une puissance grandiose et unificatrice pour mieux aborder dans un second temps le caractère inquiétant de cette scène nocturne où l’élan du peuple prend des allures cauchemardesques.



1. Une scène épique



Le sentiment de force grandiose provoqué par la révolte des insurgés domine l’extrait et permet à Zola de dresser un tableau épique de la scène.



1.1. La masse des insurgés



Tout au long de l’extrait, l’accent est mis sur le nombre des révoltés qui composent une masse formant une identité à part entière. En effet les individus sont essentiellement appréhendés d’un point de vue collectif comme le suggère les termes : « bande », « milliers d’hommes », « masses », « bataillons », « peuple ». L’approche constante et progressive du cortège relève du grandiose. En effet l’élan des révoltés qui avancent dans la campagne est qualifié de « superbe » ou encore « irrésistible ». Ces qualificatifs hyperboliques soulignent la puissance attractive de la foule dont la colère suscite une certaine fascination.



1.2. Le pouvoir unificateur de la Marseillaise



La scène décrite par Zola baigne dans un environnement sonore où le chant de la Marseillaise s’élève de la foule et gagne peu à peu en puissance. On observe ainsi un mouvement crescendo de l’hymne révolutionnaire qui, partant des foules commence à emplir le ciel, s’étendre à tous les coins de la vallée pour finir par gagner la campagne entière : « Alors ce ne fut plus seulement la bande qui chanta ; des bouts de l’horizon; des rochers lointains; des pièces de terre labourées, des prairies, des bouquets d’arbres, des moindres broussailles, semblèrent sortir des voix humaines […] il n’y avait pas un trou de ténèbres où des hommes cachés ne parussent reprendre chaque refrain avec une colère plus haute. ». Le chant qui s’étend de plus en plus loin figure le pouvoir unificateur de la révolte qui gagne tous les coins du pays. La Marseillaise agit comme un symbole révolutionnaire qui rassemble les révoltés et leur permet de parler d’une seule et même voix.



1.3. La communion entre homme et nature



On constate dans cet extrait l’assimilation de l’homme à la nature à travers la métaphore filée du cours d’eau. En effet, le cortège des révoltés est comparé à une « tempête humaine », une « cascade gigantesque » ou encore des « flots vivants ». Les insurgés dominent le tableau par leur nombre ainsi que la puissance de leur révolte que rien ne semble pouvoir empêcher d’évoluer : « La route, devenue torrent roulait des flots vivants qui semblaient ne pas devoir s'épuiser […] » Le mouvement de la foule est similaire à celui d’un torrent dont la perpétuelle course brise tous les obstacles présents sur son passage. Mais encore, on peut observer dans cet extrait une personnification de la nature qui sort de sa torpeur hivernale pour clamer, à la manière des hommes qui la traverse, l’expression de sa colère : « La campagne, dans l'ébranlement de l'air et du sol, criait vengeance et liberté. ». Les hommes et la nature sont ainsi en symbiose, agités par le même mouvement de protestation.



2. Une atmosphère inquiétante



L’expression de la colère des révoltés est renforcée dans cet extrait par l’atmosphère inquiétante de la scène, plongée dans les ténèbres d’une nuit hivernale.



2.1. Une scène nocturne



La scène décrite dans cet extrait est marquée par l’obscurité. En effet, la seule source de lumière évoquée est celle des « bleuâtres clartés de la lune » et de ses « mystérieux reflets d’étains fondus » dans l’eau des cascades et des rivières. La pâleur froide de cette luminosité ainsi que l’apposition de l’adjectif « mystérieux » soulignent le caractère inquiétant de cette scène nocturne où l’horizon est plongé dans une « paix morte et glacée » qui n’est pas sans rappeler celle de la mort. Dans cette atmosphère macabre, le mouvement de la foule qui s’avance en « masses noires » prend des allures cauchemardesques et menaçantes. Cette impression d’angoissante étrangeté est accentuée par la personnification de la nature qui semble elle-même crier dans l’obscurité : « des bouts de l'horizon, des rochers lointains, des pièces de terre labourées, des prairies, des bouquets d'arbres, des moindres broussailles, semblèrent sortir des voix humaines. ».



2.2. Une foule monstrueuse et menaçante




Mu par la colère, le cortège des républicains perd sa dimension humaine pour revêtir les traits menaçants d’un monstre prêt à tout engloutir sur son passage. Ainsi les « masses noires » d’hommes perceptibles à l’horizon semblent déployer des «bouches géantes » soufflant dans de « monstrueuses trompettes ». L’allusion aux trompettes, annonciatrices de l’apocalypse dans la Bible, jette un voile macabre sur cette scène et assimile les membres du cortège à des anges de mauvais augures. Les cris des révoltés qui s’élèvent dans la nuit ressemblent à une manifestation fantomatique et révèlent « un peuple invisible et innombrable » prêt à surgir de chaque recoin des ténèbres.



Conclusion



C’est dans l’inquiétante atmosphère d’une nuit hivernale que Zola décide donc de mettre en place sa description d’un fait historique auquel il apporte une dimension épique. Le caractère grandiose de la colère des révoltés qui avancent peu à peu dans la province révèle la fascination de l’auteur face à la puissance unificatrice de la révolte populaire. Cette irrésistible attraction pour le soulèvement des masses se retrouve dans d’autres oeuvre s de Zola telle que « Germinal » et figure l’engagement de l’écrivain mais aussi de l’homme en faveur de l’expression d’un peuple épris de justice.
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