1. Introduction Cours de Linguistique Générale 2013
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1. Introduction Cours de Linguistique Générale 2013
Dans le Cours de Linguistique Générale, la question principale que se pose Saussure est centrée sur l'objet de la linguistique. Sa définition de la langue est avant tout une approche qui tente de répondre à cette question fondamentale qui n'a, semble-t-il, toujours pas trouvé de réponse unique et stable aujourd'hui.
Par ailleurs, il envisage la linguistique parmi un ensemble de sciences existantes ou en devenir. C'est ainsi qu'il tisse des relations entre linguistique, sémiologie et psychologie. Dans une note du CLG (Fehr, 1995), Saussure défend la prise en charge de la linguistique par la psychologie à condition que cette dernière s'aperçoive que " la langue n'est pas seulement une de ces branches, mais l'ABC de sa propre activité ". Si aujourd'hui cette position paraît peu envisageable au vue des différents développements de la psychologie scientifique, elle est en partie démontrée par la théorie saussurienne que nous allons tenter d'exposer ici en répondant à la question du rôle de la langue vis-à-vis de la pensée.
Au début du siècle, en psychologie, la pensée était, pour ainsi dire, réduite à l'intelligence verbale et cette dernière était opposée à l'intelligence pratique. Saussure a voulu montrer que cette pensée était moins la faculté de produire du langage que le produit d'une organisation par la langue. La théorie qu'il propose peut être résumée par le fait que la langue donne forme à la pensée, autrement dit que le fonctionnement de la langue est constitutif de la pensée telle que nous la percevons. Bien que laissant dans l'ombre un bon nombre de questions que nous nous poserons à la fin de ce travail, la théorie saussurienne a le mérite de renverser des valeurs qu'on pensait acquises. Et si l'on en juge par le nombre important de productions textuelles commentant et analysant les idées exposées dans ce cours, cette théorie n'a cessé de faire réfléchir linguistes, psychologues et sémioticiens.
Dans la première partie du texte, nous nous efforcerons de définir l'objet de la linguistique selon Saussure à travers sa conception de la langue. Dans la deuxième partie, nous tenterons de répondre à la question qui nous a été posée, à savoir : quel est le rôle de la langue vis-à-vis de la pensée, en traitant plus précisément du fonctionnement de la langue. Enfin, dans une troisième partie, nous poserons des questions auxquelles la théorie de Saussure ne permet malheureusement pas de répondre, comme la question de l'ontogenèse du langage, la question de la diversité de pensée et la question du rôle joué par d'autres systèmes de représentation sémiotiques.
Avant de commencer le déroulement qui vient d'être présenté, une question nous est apparue d'emblée : elle concerne le sens du mot " pensée ". Saussure, à juste titre, a présenté trois catégories de termes. Les deux premières catégories sont celles des termes " vrais " et des termes " faux ", elles ne nous intéressent pas directement ici. La troisième de ces catégories est celle " des termes justes et qu'on sent justes, sans qu'on ait jamais pu dire exactement leur portée et leur contenu, ni décider qu'elle idée ils recouvrent " (Normand, 1995). Le terme " pensée " semble malheureusement bien faire partie de cette catégorie. Saussure ne définit pas directement ni clairement le terme de " pensée " dans son cours. Cette définition est produite implicitement par l'explication du fonctionnement de la langue.
Nous avons donc cherché dans les théories récentes, une vision des choses qui pouvait nous aider dans notre compréhension de la signification du terme " pensée " et qui répondait davantage à notre intuition personnelle. La théorie que nous avons sélectionnée date d'une dizaine d'années ; elle est présentée très brièvement ici parce qu'elle nous a permis de comprendre un certain nombre d'éléments du CLG par le jeu des oppositions de signification. De plus, son auteur a abordé les problèmes liés à l'esprit par le biais de la biologie. Il adopte ainsi une position moniste, telle que nous en avons rencontré dans ce cours.
Selon Edelman, prix Nobel de médecine, neurobiologiste et auteur du livre intitulé Une biologie de la conscience, la pensée est distincte de la conscience. Edelman distingue deux niveaux de conscience, la conscience primaire où l'état permettant de se rendre compte de la présence des choses dans le monde au présent et la conscience d'ordre supérieur qui fait appel à la reconnaissance par un sujet pensant de ses propres actes et affects. Cette dernière incarne un modèle personnel, un modèle du passé, du futur aussi bien que du présent. La pensée, quant à elle, comporte " un certain nombre de composants supplémentairement acquis - un complexe d'images, d'intentions, de suppositions et de raisonnements logiques - et elle constitue donc un mélange de différents niveaux d'activité mentale. Sous ses formes les plus élevées et les plus abstraites, il s'agit d'une compétence qui dépend des capacités symboliques de l'individu. A l'exception des capacités spatiales dont fait preuve la pensée de certains artistes plastiques et des activités tonales et rythmiques qui accompagnent la pensée musicale, les activités supérieures de la pensée dépendent fortement à la fois du langage et de la logique, d'un dialogue interne entre celui qui pense et un autre interlocuteur dont le penseur peut d'ailleurs ne pas être conscient ". Edelman dit encore que " la pensée est une compétence que l'on construit à partir de l'expérience vécue, en entre-tissant les niveaux et les canaux parallèles de la vie perceptive et conceptuelle. Au bout du compte, il s'agit d'une compétence soumise aux contraintes des valeurs sociales et culturelles. L'acquisition de cette compétence exige plus que l'expérience des choses ; elle exige des interactions sociales, affectives et linguistiques (ch. 17).
Ce que nous apprend cette théorie, c'est que, d'une part, il peut exister plusieurs formes de pensée et que, d'autre part, si le langage joue un rôle très important vis-à-vis de la pensée, d'autres éléments entrent en ligne de compte comme l'expérience, les interactions sociales et affectives, ainsi que les capacités spatiales, etc.
Encore une fois, nous ne chercherons pas à valider une théorie plus qu'une autre. Celle-ci représente un point de départ qui correspond à notre perception aujourd'hui et qui nous permettra de mieux cerner la théorie saussurienne. Il semble que la notion de " pensée " à laquelle Saussure se réfère dans son cours soit assez différente de celle qui vient d'être présentée ici et nous allons essayer de comprendre plus précisément ce qu'elle représente.
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