Compte-rendu de lecture 2013
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Compte-rendu de lecture 2013
2013 2013 2013
Il était une fois un vieux couple heureux, de Mohammed Khaïr- Eddine. Un couple de vieux montagnards Berbères, fidèles et paisibles, restés dans leur montagne du Sud marocain, constatent au fil des ans les changements dus au modernisme qui touche même leur petit village écarté. Leur vie est simple. La femme prépare un bon tagine, Bouchaib « le Vieux »fume et boit du thé. Le chat est allongé près de son maître. Le ciel est un fleuve de diamant très scintillant (la voie lactée), la nuit est pleine d’odeurs et de bruits. La nature vit. Il y a là un rythme serein, une paix divine.
Il n’est pas difficile de voir en ce Vieux si sage, revenu au pays après des années d’aventures « dans le Nord » - ce « Nord » où la civilisation moderne exerce ses ravages - le double nostalgique de l’écrivain, celui qu’il aurait aimé être dans ses vieux jours. Le vieux Bouchaib connaît tant de choses ! L’histoire de son pays, les coutumes ancestrales, la poésie, l’astronomie, la faune et la flore de sa montagne, mais aussi le mode de vie occidental. Il a beaucoup lu, et sa principale occupation, quand il ne commente pas l’actualité qui lui parvient par la radio et les visiteurs, est la composition de poèmes hagiographiques en langue berbère. Grâce à l’imam du village, le lettré qui dirige la mosquée, il est publié et ses poèmes mis en musique sont diffusés sur les ondes : il devient célèbre à Agadir, et il est même connu à Paris…A travers ce vieillard, Khair-Eddine s’exprime sur tous les sujets qui lui tiennent à cœur : la Résistance héroïque des anciens face à l’Occupant français, l’émigration, les bouleversements économiques, les causes humaines de la sécheresse, l’abandon des campagnes au profit des grandes villes, la misère des uns et la cupidité des autres. Les « arrivistes » surtout le mettent en colère, et les profiteurs de tout poil ; mais la vue d’un amandier en fleur suffit à le calmer. Il ne refuse pas certains avantages du modernisme : on voit Bouchaib acquérir une radio, une poêle en acier inoxydable, un réchaud à gaz… Mais la solution aux problèmes économiques et écologiques serait, selon lui, que les montagnards restent sur leurs terres, à vivre frugalement de leurs récoltes. Sa femme qui l’écoute avec respect, et donne à l’occasion son opinion, toujours modérée, et ses animaux favoris, chat, âne, mule, qu’il traite comme ses enfants, suffisent à son bonheur. Il fume et boit beaucoup de thé, parfumé à la menthe de son jardin, écrit ses poèmes (dont il décrit la naissance, par bribes qui s’imposent à lui, le réveillant parfois la nuit), et ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants. On l’invite dans le village à chaque événement important : tel est ce Vieux, modèle d’humanisme et de sagesse.
Dans ce récit sans chronologie, où dès le début il nous montre les ruines de la maison du vieux couple, Mohammed Khair-Eddine ne manque pas de décrire ces paysages qu’il connaît bien, de nommer avec précision, selon son habitude, plantes, animaux et insectes, de faire entendre ces petits bruits de la nature qui amplifient encore le silence sous la voûte étoilée, dont il est question à plusieurs reprises. Il reste tranquille, il attend ce que Dieu lui a promis et il travaille pour vivre là où il se trouve. Car la vie est partout, même dans le désert le plus aride ».
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Il était une fois un vieux couple heureux, de Mohammed Khaïr- Eddine. Un couple de vieux montagnards Berbères, fidèles et paisibles, restés dans leur montagne du Sud marocain, constatent au fil des ans les changements dus au modernisme qui touche même leur petit village écarté. Leur vie est simple. La femme prépare un bon tagine, Bouchaib « le Vieux »fume et boit du thé. Le chat est allongé près de son maître. Le ciel est un fleuve de diamant très scintillant (la voie lactée), la nuit est pleine d’odeurs et de bruits. La nature vit. Il y a là un rythme serein, une paix divine.
Il n’est pas difficile de voir en ce Vieux si sage, revenu au pays après des années d’aventures « dans le Nord » - ce « Nord » où la civilisation moderne exerce ses ravages - le double nostalgique de l’écrivain, celui qu’il aurait aimé être dans ses vieux jours. Le vieux Bouchaib connaît tant de choses ! L’histoire de son pays, les coutumes ancestrales, la poésie, l’astronomie, la faune et la flore de sa montagne, mais aussi le mode de vie occidental. Il a beaucoup lu, et sa principale occupation, quand il ne commente pas l’actualité qui lui parvient par la radio et les visiteurs, est la composition de poèmes hagiographiques en langue berbère. Grâce à l’imam du village, le lettré qui dirige la mosquée, il est publié et ses poèmes mis en musique sont diffusés sur les ondes : il devient célèbre à Agadir, et il est même connu à Paris…A travers ce vieillard, Khair-Eddine s’exprime sur tous les sujets qui lui tiennent à cœur : la Résistance héroïque des anciens face à l’Occupant français, l’émigration, les bouleversements économiques, les causes humaines de la sécheresse, l’abandon des campagnes au profit des grandes villes, la misère des uns et la cupidité des autres. Les « arrivistes » surtout le mettent en colère, et les profiteurs de tout poil ; mais la vue d’un amandier en fleur suffit à le calmer. Il ne refuse pas certains avantages du modernisme : on voit Bouchaib acquérir une radio, une poêle en acier inoxydable, un réchaud à gaz… Mais la solution aux problèmes économiques et écologiques serait, selon lui, que les montagnards restent sur leurs terres, à vivre frugalement de leurs récoltes. Sa femme qui l’écoute avec respect, et donne à l’occasion son opinion, toujours modérée, et ses animaux favoris, chat, âne, mule, qu’il traite comme ses enfants, suffisent à son bonheur. Il fume et boit beaucoup de thé, parfumé à la menthe de son jardin, écrit ses poèmes (dont il décrit la naissance, par bribes qui s’imposent à lui, le réveillant parfois la nuit), et ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants. On l’invite dans le village à chaque événement important : tel est ce Vieux, modèle d’humanisme et de sagesse.
Dans ce récit sans chronologie, où dès le début il nous montre les ruines de la maison du vieux couple, Mohammed Khair-Eddine ne manque pas de décrire ces paysages qu’il connaît bien, de nommer avec précision, selon son habitude, plantes, animaux et insectes, de faire entendre ces petits bruits de la nature qui amplifient encore le silence sous la voûte étoilée, dont il est question à plusieurs reprises. Il reste tranquille, il attend ce que Dieu lui a promis et il travaille pour vivre là où il se trouve. Car la vie est partout, même dans le désert le plus aride ».
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:Il était une fois un vieux couple heureux, de Mohammed Khaïr- Eddine. Un couple de vieux montagnards Berbères, fidèles et paisibles, restés dans leur montagne du Sud marocain, constatent au fil des ans les changements dus au modernisme qui touche même leur petit village écarté. Leur vie est simple. La femme prépare un bon tagine, Bouchaib « le Vieux »fume et boit du thé. Le chat est allongé près de son maître. Le ciel est un fleuve de diamant très scintillant (la voie lactée), la nuit est pleine d’odeurs et de bruits. La nature vit. Il y a là un rythme serein, une paix divine.
Il n’est pas difficile de voir en ce Vieux si sage, revenu au pays après des années d’aventures « dans le Nord » - ce « Nord » où la civilisation moderne exerce ses ravages - le double nostalgique de l’écrivain, celui qu’il aurait aimé être dans ses vieux jours. Le vieux Bouchaib connaît tant de choses ! L’histoire de son pays, les coutumes ancestrales, la poésie, l’astronomie, la faune et la flore de sa montagne, mais aussi le mode de vie occidental. Il a beaucoup lu, et sa principale occupation, quand il ne commente pas l’actualité qui lui parvient par la radio et les visiteurs, est la composition de poèmes hagiographiques en langue berbère. Grâce à l’imam du village, le lettré qui dirige la mosquée, il est publié et ses poèmes mis en musique sont diffusés sur les ondes : il devient célèbre à Agadir, et il est même connu à Paris…A travers ce vieillard, Khair-Eddine s’exprime sur tous les sujets qui lui tiennent à cœur : la Résistance héroïque des anciens face à l’Occupant français, l’émigration, les bouleversements économiques, les causes humaines de la sécheresse, l’abandon des campagnes au profit des grandes villes, la misère des uns et la cupidité des autres. Les « arrivistes » surtout le mettent en colère, et les profiteurs de tout poil ; mais la vue d’un amandier en fleur suffit à le calmer. Il ne refuse pas certains avantages du modernisme : on voit Bouchaib acquérir une radio, une poêle en acier inoxydable, un réchaud à gaz… Mais la solution aux problèmes économiques et écologiques serait, selon lui, que les montagnards restent sur leurs terres, à vivre frugalement de leurs récoltes. Sa femme qui l’écoute avec respect, et donne à l’occasion son opinion, toujours modérée, et ses animaux favoris, chat, âne, mule, qu’il traite comme ses enfants, suffisent à son bonheur. Il fume et boit beaucoup de thé, parfumé à la menthe de son jardin, écrit ses poèmes (dont il décrit la naissance, par bribes qui s’imposent à lui, le réveillant parfois la nuit), et ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants. On l’invite dans le village à chaque événement important : tel est ce Vieux, modèle d’humanisme et de sagesse.
Dans ce récit sans chronologie, où dès le début il nous montre les ruines de la maison du vieux couple, Mohammed Khair-Eddine ne manque pas de décrire ces paysages qu’il connaît bien, de nommer avec précision, selon son habitude, plantes, animaux et insectes, de faire entendre ces petits bruits de la nature qui amplifient encore le silence sous la voûte étoilée, dont il est question à plusieurs reprises. Il reste tranquille, il attend ce que Dieu lui a promis et il travaille pour vivre là où il se trouve. Car la vie est partout, même dans le désert le plus aride ».
par Annie Devergnas
[1] Publié dans Expressions maghrébines , vol. 1, no 1, 156-158.
</div>[1] Publié dans Expressions maghrébines , vol. 1, no 1, 156-158.
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Il n’est pas difficile de voir en ce Vieux si sage, revenu au pays après des années d’aventures « dans le Nord » - ce « Nord » où la civilisation moderne exerce ses ravages - le double nostalgique de l’écrivain, celui qu’il aurait aimé être dans ses vieux jours. Le vieux Bouchaib connaît tant de choses ! L’histoire de son pays, les coutumes ancestrales, la poésie, l’astronomie, la faune et la flore de sa montagne, mais aussi le mode de vie occidental. Il a beaucoup lu, et sa principale occupation, quand il ne commente pas l’actualité qui lui parvient par la radio et les visiteurs, est la composition de poèmes hagiographiques en langue berbère. Grâce à l’imam du village, le lettré qui dirige la mosquée, il est publié et ses poèmes mis en musique sont diffusés sur les ondes : il devient célèbre à Agadir, et il est même connu à Paris…A travers ce vieillard, Khair-Eddine s’exprime sur tous les sujets qui lui tiennent à cœur : la Résistance héroïque des anciens face à l’Occupant français, l’émigration, les bouleversements économiques, les causes humaines de la sécheresse, l’abandon des campagnes au profit des grandes villes, la misère des uns et la cupidité des autres. Les « arrivistes » surtout le mettent en colère, et les profiteurs de tout poil ; mais la vue d’un amandier en fleur suffit à le calmer. Il ne refuse pas certains avantages du modernisme : on voit Bouchaib acquérir une radio, une poêle en acier inoxydable, un réchaud à gaz… Mais la solution aux problèmes économiques et écologiques serait, selon lui, que les montagnards restent sur leurs terres, à vivre frugalement de leurs récoltes. Sa femme qui l’écoute avec respect, et donne à l’occasion son opinion, toujours modérée, et ses animaux favoris, chat, âne, mule, qu’il traite comme ses enfants, suffisent à son bonheur. Il fume et boit beaucoup de thé, parfumé à la menthe de son jardin, écrit ses poèmes (dont il décrit la naissance, par bribes qui s’imposent à lui, le réveillant parfois la nuit), et ne regrette pas de ne pas avoir eu d’enfants. On l’invite dans le village à chaque événement important : tel est ce Vieux, modèle d’humanisme et de sagesse.
Dans ce récit sans chronologie, où dès le début il nous montre les ruines de la maison du vieux couple, Mohammed Khair-Eddine ne manque pas de décrire ces paysages qu’il connaît bien, de nommer avec précision, selon son habitude, plantes, animaux et insectes, de faire entendre ces petits bruits de la nature qui amplifient encore le silence sous la voûte étoilée, dont il est question à plusieurs reprises. Il reste tranquille, il attend ce que Dieu lui a promis et il travaille pour vivre là où il se trouve. Car la vie est partout, même dans le désert le plus aride ».
par Annie Devergnas
[1] Publié dans Expressions maghrébines , vol. 1, no 1, 156-158.
</div>[1] Publié dans Expressions maghrébines , vol. 1, no 1, 156-158.
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